The Five One Review

Tread Softly

Poem

Mon Rêve Familier

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.

Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.

Est-elle brune, blonde ou rousse? – Je l'ignore.
Son nom? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la vie exila.

Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.

Paul Verlaine

My Familiar Dream

I often have this dream of wonder penetrating,
Of a woman unknown whom I love, and is of love
And who, each time, is one of the same and one of
Another, and loves me with tender understanding.

For she understands me, and my heart’s feeling
To her alone transparent, alas! no longer brings dread
To her alone, and the sweats of my pale forehead,
She alone knows how to cool them, by crying.

Does she have dark, blond or ginger hair? – I do not know.
Her name? I recall its soft and resonant flow,
Like those of our loved ones whom life has exiled to distant hollows.

Her gaze is like the gaze of statues ancient,
And her voice, distant, and calm, and deep, follows
The inflection of voices dear gone silent.

Paul Verlaine (translation by François Holmey)

Music

La Fille aux Cheveux de Lin, Debussy
Pascal Rogé

Image

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Les Yeux Clos, Redon
Courtesy National Gallery of Art, Washington