S'oublier
Comme un aveugle dont le regard se fouille,
Le poète pétri de ténèbres
Sombre en lui-même, et dans un cri célèbre
Sonde l'éternité et se dépouille.
Pareille alchimie du corps et de l'esprit
N'a d'égale que l'immensité
Qu'il contemple, et dont il savoure la Majesté.
Il se tait. La Beauté le pétrit.
Au passant qui l'interroge, qui ne comprend,
Il répond: "Viens donc voir à la fenêtre,
Tu oublieras ton salpêtre et oublieras le Temps,
Il n'est que de voir ce qui n'est point
Pour savoir ce qui est, alors foin
De tes balivernes! il n'est ici qu'un seul besoin."
Jean-Claude Holmey
To Forget Oneself
Like the blind whose eye fathoms itself,
The poet kneaded by darkness
Sinks deep, and in shared loneliness
Examines eternity and skins himself.
His alchemy of body and mind
Is equal only to the immensity
He contemplates, in its savoured Majesty.
Silence sets in. Beauty moulds his kind.
To passers by who prosecute his crime
He answers: “Come and look through the window,
Forget your toil and your Time,
You must see the bare and the never
To feel the full – so sever
Your nonsense! There is but one need, now and forever.”
Jean-Claude Holmey (translated by François Holmey)
Read by Youness Bouzinab
The Firebird, Lullaby, Stravinsky
Simon Rattle, City of Birmingham Symphony Orchestra
Bust of an Old Bearded Man, Rembrandt van Rijn
Courtesy National Gallery of Art, Washington