The Five One Review

Poets to Come!

Poem

Il Faut que le Poète

Il faut que le poète, épris d'ombre et d'azur,
Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,
Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
Chanteur mystérieux qu'en tressaillant écoutent
Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,
Devienne formidable à de certains moments.
Parfois, lorsqu'on se met à rêver sur son livre,
Où tout berce, éblouit, calme, caresse, enivre,
Où l'âme, à chaque pas, trouve à faire son miel,
Où les coins les plus noirs ont des lueurs du ciel,
Au milieu de cette humble et haute poésie,
Dans cette paix sacrée où croît la fleur choisie,
Où l'on entend couler les sources et les pleurs,
Où les strophes, oiseaux peints de mille couleurs,
Volent chantant l'amour, l'espérance et la joie;
Il faut que, par instants, on frissonne, et qu'on voie
Tout à coup, sombre, grave et terrible au passant,
Un vers fauve sortir de l'ombre en rugissant!
Il faut que le poète, aux semences fécondes,
Soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes,
Pleines de chants, amour du vent et du rayon,
Charmantes, où, soudain, l'on rencontre un lion.

Victor Hugo

The Poet Should

The poet, enamoured of shadows and azure,
Tender and splendid spirit, radiating pure,
Who walks before all, illuminating those who fear,
Mysterious singer, whom in trembling hear
Women, dreamers, philosophers, lovers,
Should become wonderful at certain hours.
Sometimes, when one starts to dream about his psalms,
Where everything cradles, dazzles, caresses, intoxicates, calms,
Where the soul, at every step, finds its honey,
Where the darkest corners glow like barley,
At the heart of this humble and high poetry,
In this sacred peace where grows the chosen tree,
Where one hears flow the sources and the tears,
Where the stanzas, birds of a thousand years,
Fly singing love, hope and delight;
One should, at times, shiver, and catch sight
All of a sudden, dark, grave and shocking,
Of a leonine verse emerging from the shadows roaring!
The poet should, in fertile flesh,
Be like those green jungles, deep, fresh,
Full of song, which wind and light ride upon,
Charming, where, suddenly, one meets a lion.

Victor Hugo (translated by François Holmey)

Music

The Firebird, Infernal Dance of all Kashchei's Subjects, Stravinsky
Simon Rattle, City of Birmingham Symphony Orchestra

Image

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Tropical Forest with Monkeys, Henri Rousseau
Courtesy National Gallery of Art, Washington