J’ai un tel besoin de ton amitié. J’ai soif d’un compagnon qui, au-dessus des litiges de la raison, respecte en moi le pèlerin de ce feu-là. J’ai besoin de goûter quelquefois, par avance, la chaleur promise, et de me reposer, un peu au delà de moi-même, en ce rendez-vous qui sera nôtre.
Je suis si las des polémiques, des exclusives, des fanatismes ! Je puis entrer chez toi sans m’habiller d’un uniforme, sans me soumettre à la récitation d’un Coran, sans renoncer à quoi que ce soit de ma patrie intérieure. Auprès de toi je n’ai pas à me disculper, je n’ai pas à plaider, je n’ai pas à prouver ; je trouve la paix, comme à Tournus. Au-dessus de mes mots maladroits, au-dessus des raisonnements qui me peuvent tromper, tu considères en moi simplement l’Homme. Tu honores en moi l’ambassadeur de croyances, de coutumes, d’amours particulières. Si je diffère de toi, loin de te léser, je t’augmente.
Tu m’interroges comme l’on interroge le voyageur.
Antoine de Saint-Exupéry
I so need your friendship. I thirst for a companion who, above the litigations of reason, respects in me the pilgrim of that fire. I sometimes need to taste, ahead of time, the promised warmth, and rest, a little beyond myself, in the meeting that will be ours.
I am so weary of the polemical, the exclusive, the fanatical! I can enter your home without having to wear a uniform, or recite a Quran, without abandoning any part of the territory within me. By your side I do not need to exonerate myself, I do not need to plead, I do not need to prove; I find peace, as in the town of Tournus. Above my inept words, above the arguments that can lead me astray, you consider in me only the Man. You honour in me the ambassador of beliefs, customs, particular loves. If I differ from you, far from wronging you, I augment you.
You question me as one questions the traveller.
Antoine de Saint-Exupéry (translated by Olivier Holmey)
Read by Youness Bouzinab
Chanson pour l'Auvergnat
Georges Brassens