A ma mère
Après un si joyeux festin,
Zélés sectateurs de Grégoire,
Mes amis, si, le verre en main
Nous voulons chanter, rire et boire,
Pourquoi s'adresser à Bacchus ?
Dans une journée aussi belle
Mes amis, chantons en " chorus "
A la tendresse maternelle.
Un don pour nous si précieux,
Ce doux protecteur de l'enfance,
Ah ! c'est une faveur des cieux
Que Dieu donna dans sa clémence.
D'un bien pour l'homme si charmant
Nous avons ici le modèle ;
Qui ne serait reconnaissant
A la tendresse maternelle ?
Arrive-t-il quelque bonheur ?
Vite, à sa mère on le raconte ;
C'est dans son sein consolateur
Qu'on cache ses pleurs ou sa honte.
A-t-on quelques faibles succès,
On ne triomphe que pour elle
Et que pour répondre aux bienfaits
De la tendresse maternelle.
Ô toi, dont les soins prévoyants,
Dans les sentiers de cette vie
Dirigent mes pas nonchalants,
Ma mère, à toi je me confie.
Des écueils d'un monde trompeur
Écarte ma faible nacelle.
Je veux devoir tout mon bonheur
A la tendresse maternelle.
Alfred de Musset
To My Mother
After feasting with such a joyous band,
Zealous members of Gregory,
My friends, if, glass in hand
We wish to sing, laugh, drink or tell a story,
Why address Bacchus?
On such a beautiful day, why bother?
Instead, my friends, let us sing in chorus
To the tenderness of a mother.
A gift for us so precious,
That sweet protector of youth,
Ah! It is a favour done to us
By God, in truth.
Here is the model
Of good from one to another;
How not be grateful
For the tenderness of a mother?
Does any joy come about
That we do not share with her in a hurry?
And in her arms do we not all doubt,
Shame and tears bury?
Success would be hoarse
If it were not a triumph to her,
Or if it did not have its source
In the tenderness of a mother.
Oh you, whose care
Through life’s every tide
Guides my way,
My mother, in you I confide.
Distance my fragile barge
From the dangers of a cheating world.
I want all my happiness to emerge
From the tenderness of a mother.
Alfred de Musset (translated by Olivier Holmey)
Read by Youness Bouzinab
Je t’aime
Anne Sylvestre
A woman clothed with the sun, Odilon Redon
Courtesy National Gallery of Art, Washington